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Histoire du village

  • Esquisse de l'ancien Labédâ
    La pays de Labédâ n'est point l'entier arrondissement actuel d'Argelès mais il en constitue toute la partie montagneuse, toute la vallée supérieur du gave à partir et en amont de Lourdes. Il est entouré d'une ceinture de montagnes qui le sépare, au midi du royaume d'Aragon (Espagne), au levant de la vallée d'Aure et de la haute vallée de l'Adour, au couchant du Béarn, et au nord de la ville de Lourdes. Il est formé de sept parties : - L'estréma de Castet-Lou-Bou, - Bat-Surguéra - Vallée d'Azû - Ribéra de Sén-Sabî - Vallée de Barèges - Et enfin ribéra de Dabant-Ayga formé de cinq Bics (cantons) groupés au gré de leurs besoins, intérêts et convenances dès les temps les plus anciens ; - 1 Bic de Biélalouga - 2 Bic de Couret de Silhén - 3 Bic de Sén-Pastous - 4 Bic de Préchac (Préchac, Arey, Ayros, Arbouch, Bièr, Cagos, Bordas) - 5 Bic de Béoucén : - Béoucén, Nouilhà, Biéla, Gézat qui formaient la seigneurie du seigneur de Béoucen - Couhita qui avait son propre seigneur - Soui qui dépendait de l'abbé de Sén-Sâbî - Artalens et Sént-Andrey dépendant du Prieur de Saint-Orens. Béoucén faisait donc partie du Labédâ, à l'origine propriété du comte de Bigorre. Mais le Labédâ tout entier sortit petit à petit du Comté par donations et afièvements. C'est en 945 que remonte la première mention historique des vicomtes de Labédâ. Ils furent établis pour surveiller la frontière car le Labédâ communiquait avec le royaume d'Aragon par de nombreux ports. Cette fonction de garde frontière doit remonter beaucoup plus loin que 945, sans doute au moment de l'invasion des Mores (Maures). A l'origine, les vicomtes étaient amovibles mais quand les comtes de Bigorre devinrent héréditaires, ils le devinrent aussi. Il est vraissemblable que les vicomtes de Labédâ appartenaient, comme les comtes de Bigorre, à la lignée de Clovis.
  • Comment Béoucen quitte le Comté de Bigorre
    En 945, Béoucén n'était pas encore dans le domaine des vicomtes du Labédâ. Il y entra vers 960. C'est le comte Louis de Bigorre qui fit donation de Béoucén et Siéouros à Amélius, officiel du diocèse et fils de l'un des vicomtes du Labédâ, pour le remercier de lui avoir donné la permission d'épouser sa parente au troisième degré Amerna, alors que l'église défendait le mariage entre parents. C'est Amélius lui même qui célébra le mariage. Après quelques années, en l'an 1000, Amélius devint évêque de Bigorre. Comme il se repentait de son manquement aux lois de l'Eglise, il voulut faire une réparation éclatante en offrant à Dieu et à Sént-Orens, tous les biens qu'il avait reçus du comte (Béoucén et Siéouros), à la seul condition que son cousin Fort-Ané, vicomte du Labédâ, sa femme Muzola et leur fils Gassie-Fort en aient l'usufruit. A charge pour eux de payer à l'abbé de Sent-Orens une rente annuelle de dix sols tournois pendant la durée de leur jouissance. La propriété entière devaient, après le décès des usufruitiers, revenir au monastère. En 1037, à la mort de Gassie-Fort, au mépris de la volonté d'Amélius et cependant non sans donner une large compensation au couvent de Sent-Ourens, , les vicomtes du Labédâ s'approprièrent le village de Béoucén. Le village était dominé par un promontoire qui, par sa forme, sa hauteur, la raideur de ses parois sur trois côtés, sa situation entre gave et montagne, rassemblait toutes les conditions pour accueillir un château féodal. Les vicomtes, à cette époque, ne possédaient qu'un manoir à Castet-Lou-Bou, après Juncalas, demeure qu'ils ne jugeait pas digne de leur rang. Séduits par les avantages qu'offrait le site de Béoucén, ils décidèrent d'y édifier un château et d'en faire leur demeure. Ce château fut bâti dès le début du XIème siécle et s'agrandit à diverses époques pour devenir une des forteresses les plus puissantes de Bigorre. NB : en 945, Siéouros était un village dépendant deBéoucén. On sait qu'actuellement, Siéouros est réduit à deux maisons, Siéouros-débat et Siérouros-dessus, auxquelles s'ajoutent vers le village quelques constructions neuves.
  • Obligations des habitants de Béoucén
    D'après le Livre Censier de Béoucén de 1292, livre dans lequel était indiquées les redevances payées par les routiers à leur seigneur, les habitants avaient l'obligation de payer cinq sous morlâs pour chacun de leurs garçons ou filles ayant atteint l'âge de 7 ans. Selon le choix du seigneur, les garçons et les filles étaient tenus de servir celui-ci pendant un an. Cette domesticité à laquelle étaient tenus les enfants de paysans envers le seigneur n'avait rien de déshonorant dans les mœurs du Moyen-Age. Les vicomtes du Labédâ avaient aussi chez eux des fils de nobles comme pages volontaires. En 1623, les droits du seigneur étant quelque peu tombés en désuétude, la vicomtesse Marie, fort jalouse de tous ses droits, fit un procès à la communauté de Béoucén. L'affaire fut jugée par le Sénéchal de Bigorre puis portée devant le parlement de Toulouse. La cour souveraine, par son arrêt du 9 mars 1623, donna raison aux villageois de Béoucén.
  • Coutumes des héritages
    A part un petit nombre d'artisans, l'industrie pastorale était la seule occupation de nos montagnards. Elle exigeait des bras et donc une famille nombreuse. La perpétuation de la famille imposait la conservation du domaine et du nom. Nos pères avaient trouvé la solution grâce à des coutumes ayant force de lois. 1- Le domaine passait toujours du père et de la mère à leur premier né, garçon ou fille, qui s'appelait héritier. Suivaient les cadets et cadettes. 2- Un héritier ne pouvait épouser qu'une cadette, une héritière un cadet. 3- Le cadet ou la cadette, en épousant un héritier ou une héritière quittait son nom pour prendre celui de sa nouvelle famille. La première de ces dispositions assurait la conservation du domaine, la deuxième empêchait la fusion de deux familles, fusion qui aurait entraîné la disparition de l'une d'elles. La troisième assurait la perpétuation du nom. Cette coutume a régi les sept vallées jusqu'en 1789 et leur a assuré une grande prospérité.
  • MÅ“urs et usages des montagnards au XIVe siècle
    Les Labédanais étaient querelleurs. Les longs bâtons qu'ils avaient toujours à la main pour grimper ou éloigner les bêtes dangereuses étaient une arme dont ils se servaient fréquemment. Ils aimaient la contestation et les procès. Béoucén et son Bic ont longuement féraillé dans le passé avec leurs voisins et, en particulier, Biélalounga au sujet des paturages d'été : l'Esterre, Ports dits de Trapas et la Bat. En 1784, Béoucén, Nouilha et Biéla furent également en procès contre la veuve de Gézat et son fils Justin Gézat, propriétaires au hameau de Gézat, au sujet d'un droit de pacage et d'un droit de passage sur le chemin reliant Béoucén et Préchac. Les montagnards se nourissaient de pain noir, de légumes, fromages, fruits du pays. Ils ne mangeaient pas d'autres viandes que les salaisons de porc et de chèvres, ne buvaient que de l'eau et petit lait. Le vin étant rare, ils n'en buvaient que lorsqu'ils se rendaient au marché d'Argelès. Grâce à ce régime austère, ils étaient, quoique maigres, grands, forts, vigoureux et durs au travail. L'année comportait deux saisons. Pendant la saison chaude, hommes et femmes étaient occupés au-dehors : - Autour du village : culture du blé, du seigle, de l'orge, de l'avoine, du sarrazin, du lin. Une autre activité essentielle était la fenaison. - Sur la montagne pour la garde et le soin des troupeaux. Pendant la saison froide, on ne pouvait guère sortir : - Les hommes s'occupaient à soigner les bêtes, à réparer les outils, à en façonner des neufs, à fabriquer des sabots, de la vaisselle, des sièges et toutes sortes d'ustensiles ou de coffres en bois. Ils tissaient des étoffes de laine (cadis), de lin, d'étoupe pour les chemises et les draps de lit, car la plupart des maisons avait un métier à tisser. - Les femmes travaillaient le jour au ménage, à racommoder les vêtements, le linge, à préparer les salaisons puis, durant de longues veillées, elles filaient le lin, la laine, l'étoupe à la lueur de la téda (éclat de bois de sapin qui brule avec flamme) ou de la hâhla (chandelle de résine). Les vêtements étaient rustiques, grossiers, chauds et inusables ; les coiffures étaient le béret ou la coha (sorte de bonnet) pour les hommes et, pour les femmes, des coiffes, des « capulets » plus ou moins ornés. Tout le monde était chaussé de sabots, ceux des femmes étant mieux travaillés et décorés. La religion imprégnait profondément les mœurs et les usages. Chaque époque de l'année était rythmée par une fête religieuse : on payait les redevances à Martérou (Toussaint) ; on n'avait pas le droit de faire paître dans telle montagne, de la fête de Saint-Jean Baptiste à celle de Notre Dame d'août. L'origine des noms : elle est multiple. Les noms peuvent venir : - du nom qui désigne une habitation : Caza, Soucaze, Lacaza, Cazaounou...) - de la situation de la maison dans le village : Biéla (village), Méya-Biéla (mi-village), Trey (cimetière), La Costa (la côte). - Du voisinage d'une fôret : Bosc (bois), Bousquet, Nougué (noyer), Castagné, Pommé. On multiplie les noms simples en les faisant suivre d'un mot indiquant la position : Dessus, Débat, Darre, Siéouros Dessus, Siéouros Débat.
  • Dénombrement, limites, droits, devoirs, charges du Bic de Béoucén au XVIIIe siècle"
    Le Bic comprenait sept villages qui formaient trois communautés : -celle de Béoucén avec Nouilhâ, Biéla et Gézat -celle d'Artalens avec Sént-Andrey -celle de Souin Assemblées Le Bic a droit de tenir des assemblées à Béoucén pour délibérer des affaires communes. Il prend part aux assemblées générales tenues par la ribé de Dabant-Ayga à Préchac, et à celles tenues par les sept vallées du Labédâ à Argelès quand les intérêts communs l'exigent. Députation Le Bic a droit avec les autres Bics de Dabant-Ayga d'envoyer annuellement deux députés à l'assemblée des Etats de Bigorre. Seigneurie Le roi est le seigneur du Bic. Au-dessous de lui, il y a le vicomte du Labédà. Justice La haute et moyenne justice appartiennent au roi qui les fait exercer par le Sénéchal de Bigorre et, en appel, par le parlement de Toulouse. La basse justice est confiée aux « cassous » (consuls) jusqu'à des litiges d'un montant de 15 sols tournois et au-dessous. La cour de Préchac juge en première instance. Redevance Le Bic doit : - au roi : fief annuel et perpétu de 48 sols tournois et l'ost (armée) quand il le requiert ; - au vicomte du Labédâ : fief annuel de 27 livres tournoises pour la possession de la montagne d'Isabi et un droit annuel de « cazaduraé » pour la montagne du Cardouet. Taille et donations Les communautés du Bic paient leur côte-part de la taille et des donations comme toutes les autres communautés des vallées. Usages Les habitants du Bic de Béoucén peuvent toute l'année, de nuit comme de jour, faire paître le bétail et couper du bois pour se chauffer, bâtir ou autres usages, dans la Bat de Trapas qui est propriété de Biélalounga. Ils peuvent faire paître le bétail de nuit et de jour toute l'année, excepté de la fête de Saint-Jean Baptiste à celle de Notre-Dame d'Août, dans la montagne de Nabi qui appartient à la ville de Lourdes. Si Béoucén en Labédâ, notre village, a bien changé, il garde cependant des traces bien visibles de son histoire : ce fier donjon qui résiste farouchement aux intempéries et fait connaître Beaucens partout en France et à l'étranger, grâce au « Donjon des Aigles ». On trouve encore des empreintes du passé dans les pans de murs de la chapelle du Bédouret. Le Manoir de Couhite a conservé ses tourelles. Il nous rappelle qu'autrefois, il abritait lui aussi un seigneur puisqu'on l'appelle le « castet » de Couhite.
  • Toponymie
    Dans leur dictionnaire toponymique des communes, Messieurs Grosclaude et Le Nail nous expliquent que l’évolution du nom de notre village semble assez linéaire. En effet, il y a eu Belsen (870 et 1145), Beusen (1285), Beausen (1614) mais encore Beaucen (1770). Le S final de Beaucens est d’apport récent et « ne se retrouve pas en occitan dans Biucen ou Beoucen » d’après M. Bourdette. Belsen viendrait d’un nom de personne d’origine basque beltze. Un croisement récent avec l’adjectif français « beau » est probable. Voilà pour l’officiel, mais il y a eu également dans le temps bien d’autres hypothèses qui se sont révélées erronées ou même fantaisistes. En voici quelques unes : - Pour M. Cenac-Moncaut (1814/1871), historien, Beoucen signifiait Baoucen : « qui vaut cent », à cause de son château sans doute… - Messieurs Dauzat et Rostaing y voient une origine latine : « Balteus » ou même celtique « bal » signifiant « escarpement ». - Pour l’abbé Nègre, Beaucens viendrait du gascon « Bau », le rocher. Dans la mesure où les formes anciennes et modernes du nom comportent la voyelle E dans la première syllabe, les versions « baou », « bal » et « bau » ne peuvent être acceptées. - R. Aymard, dans son dictionnaire, pense à un nom de personne formé d’après le celtique « belsa » signifiant le champ. - Pour l’abbé Friard, curé de la paroisse dans les années 40, Beaucens signifiait « beau site ». Pour terminer… Rêvons un peu… Pourquoi ne pas y voir la contraction de deux mots latins « bellus » (joli) et « sinus » (origine du mot sein). Belsen nous rappellerait ainsi l’histoire de Notre Dame du Bedouret (on ne connaît pas la date des apparitions, peut-être 9eme ou 10eme siècle) qui dévoile son sein gauche pour allaiter l’enfant Jésus… Comme ce serait charmant…
  • Les armoieries de Beaucens
    C’est grâce à des habitants conservateurs de vieux documents et au travail d’historiens et autres passionnés qui ont exhumé le passé du blason «mi-Lavedan mi Aragon» , que nous pouvons aujourd’hui vous le retranscrire. C’est à la fin du Xème siècle que ce village lavedanais entra dans le vicomté des Seigneurs de Beaucens. Ces lieux et son château furent de Navarre puis d’Aragon, et appartenèrent à différents seigneurs et vicomtes du Lavedan. De ces différentes périodes de l’histoire naquirent des armoiries présentant un écu à quatres pals rouges (du rouge d’aragon) puis un écu d’argent illustré de trois corneilles becquées et armées de gueules rouges (époque des comtes du Lavedan). On peut donc supposer que les armoiries attribuées dès le XVIIème siècle à Beaucens correspondent à l’union de celles de l’Aragon et du Beoucen de Labeda (Beau site du Lavedan). Vous trouverez une reproduction de ce blason dans les locaux de la mairie. Elle fût sculptée par Michel VERGE-BORDEROLLE à l’occasion de l’inauguration de la salle des fêtes.

Si Béoucén en Labédâ, notre village, a bien changé, il garde cependant des traces bien visibles de son histoire : ce fier donjon qui résiste farouchement aux intempéries et fait connaître Beaucens partout en France et à l’étranger, grâce au « Donjon des Aigles ».
On trouve encore des empreintes du passé dans les pans de murs de la chapelle du Bédouret. Le Manoir de Couhite a conservé ses tourelles. Il nous rappelle qu’autrefois, il abritait lui aussi un seigneur puisqu’on l’appelle le « castet » de Couhite.

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